CHAPITRE 26 : DE CEUX QUI, SANS ORDRES, SE JOIGNENT AUX EXCOMMUNIÉS.
Dimanche 3 juillet :
On pourrait croire saint Benoît bien sévère dans ce petit chapitre pour ceux qui se joignent aux excommuniés ! Car s’ils le font, c’est sans doute pour une bonne raison à leurs yeux : celle de consoler, de réconforter le frère en détresse.
Mais si Benoît donne cet avertissement au frère qui « prend sur lui, sans ordre de l’abbé, de se joindre à un frère excommunié , il tombera sous la même peine d’excommunication », c’est une preuve de sagesse et d’expérience !
Toute interférence, même si elle paraît juste, risque au contraire de perturber le processus de guérison dans lequel le frère coupable est engagé. Le silence et cette mise à l’écart, salutaire précisons-le, sont nécessaires pour que s’accomplisse en lui le travail intérieur, le mouvement de conversion, de remise sur la bonne voie. Un contact, même motivé par la charité, ne peut se situer qu’au niveau humain, et gêner le travail de la grâce. Aussi, est-ce à l’abbé seul, ou à ceux qu’il en aura chargé, d’intervenir auprès du frère qui a été mis à l’écart, et d’apprécier le chemin de guérison que le frère fautif aura accompli pendant ce temps de pénitence.CHAPITRE 27 : COMMENT L’ABBÉ DOIT AVOIR SOUCI DES EXCOMMUNIÉS.
Lundi 4 juillet :
Ce chapitre sur le souci que l’abbé doit avoir des excommuniés complète les deux chapitres 2 et 64 qui traitent de l’abbé. Il développe en effet un aspect important de son rôle pastoral. Sa mission s’apparente à celle du Christ Bon Pasteur. On trouve sous-jacents à ce chapitre plusieurs textes bibliques. Il y a d’abord le chapitre 34 du livre d’Ézéchiel, et surtout deux textes de l’Évangile : le chap. 10 de saint Jean où Jésus se présente comme le Bon Pasteur et la parabole de la brebis perdue qu’on trouve chez Matthieu et chez Luc.
Comme le Bon Pasteur, l’abbé déploie tout son zèle pour ramener au troupeau la brebis égarée ; pour persuader le frère en dérive tant par la parole que par la charité.
CHAPITRE 28 : DE CEUX QUI NE VOUDRAIENT PAS S’AMENDER, BIEN QUE SOUVENT CORRIGÉS.
Mardi 5 juillet :
Il peut arriver qu’un frère ne se corrige pas, bien que souvent repris. Saint Benoît énumère alors tous les moyens mis à la disposition de l’abbé pour sauver les pécheurs. Si même tous ces moyens sont épuisés, autrement dit toutes les médiations humaines, il reste en dernier recours la prière, celle de l’abbé lui-même, mais aussi celle de tous les frères. On s’en remet ainsi à Dieu qui seul est capable de changer le cœur du coupable.
Mais là encore, Dieu respectant la liberté de chacun, il se peut que le frère ne revienne pas à Lui. Il ne reste alors qu’une solution : le renvoi du frère. Autrement dit, sa liberté lui est rendue et il devra l’assumer sans le secours de la Règle et de la vie commune. Il est ainsi délié de sa promesse, mais il n’en continue pas moins d’être un membre de l’Église. Il aura à vivre sa condition d’enfant de Dieu comme tout baptisé. Et on peut espérer que ce retour dans le siècle soit pour lui l’occasion de vivre et d’agir de manière responsable et non de tout abandonner.
CHAPITRE 29 : SI LES FRÈRES SORTIS DU MONASTÈRE DOIVENT Y ÊTRE REÇUS À NOUVEAU.
Mercredi 6 juillet :
Ce chapitre peut être éclairé par le dernier des instruments des bonnes œuvres : « De la miséricorde de Dieu, ne jamais désespérer » (Chap. 7, 74).
Il est question ici d’un frère qui est sorti du monastère « par sa propre faute », précise saint Benoît. Il s’est donc coupé de la communauté et, de ce fait, coupé aussi de Dieu et de lui-même. Mais par la communauté qui le recevra de nouveau, c’est Dieu lui-même qui veut lui manifester sa miséricorde. Aussi pour l’accueillir, il doit donner la preuve de son humilité et recommencer tout le parcours monastique en se remettant à l’école du service du Seigneur selon la Règle.
On connaît dans la Bible l’importance du chiffre ‘’trois’’ pour montrer qu’une décision ou une action sont assurées et définitives. On connaît le triple reniement de saint Pierre qui sera réparé par sa triple déclaration d’amour et la réponse de Jésus lui confiant sa mission répétée trois fois aussi.
Dans le cas de la Règle, c’est une décision définitive qui est prise par ce triple mouvement d’entrée et de sortie même il s’agit ici de l’aspect négatif de la situation : il ne peut plus y avoir de retour possible ; l’expérience et la réflexion ont montré que la vie monastique ne convient pas à ce frère.
Bien sûr, il ne faut pas voir cette décision comme un châtiment, mais plutôt comme la constatation d’une évidence : ce frère doit chercher une autre voie dans laquelle, espérons-le, il pourra s’épanouir et faire l’expérience de la miséricorde divine.
CHAPITRE 30 : DES JEUNES ENFANTS ; COMMENT ON LES CORRIGE.
Jeudi 7 juillet :
Ce qui est à considérer ici, ce n’est pas tant la présence d’enfants dans le monastère puisqu’on ne pratique plus l’oblation de jeunes enfants que les parents y offraient pour leur éducation, mais c’est plutôt l’attention à l’âge et au jugement de chaque frère. Autrement dit, c’est l’attention à la personnalité de chacun qui est à retenir dans ce dernier chapitre sur la correction.
Il y a bien sûr la Règle, mais aussi les usages propres au monastère, les pratiques communautaires (offices, travaux, repas, etc..) à respecter. Mais chacun réagit différemment tout en acceptant ce qui est donné. Personne n’agit selon sa fantaisie ou en toute indépendance, mais avec sa propre personnalité. Et il est important d’être guidé, de se soumettre au jugement du supérieur, des anciens ou de la communauté, car on peut fuir son devoir en prenant trop de liberté. Il faut toujours garder le souci du service du Seigneur et de la communauté.
CHAPITRE 31 : DU CELLÈRIER DU MONASTÈRE, QUEL IL DOIT ÊTRE.
Vendredi 8 juillet :
Saint Benoît brosse ici le portrait idéal du cellérier du monastère, celui qui a la charge de toute l’organisation matérielle et de la gestion des biens de la communauté. Il en ressort que cette charge le met au service des personnes. Il doit exercer sa charge dans la crainte de Dieu et être pour tous ses frères comme un père, cherchant le bien de la communauté, attentif aux besoins de chacun, tout en veillant à la juste mesure et à l’équité entre tous, prenant soin des faibles et des malades, humble et conscient de ses limites, disponible, bien présent, mais sachant aussi s’effacer. On pourrait énumérer encore d’autres qualités requises pour le cellérier.
Mais si l’on y regarde bien, ces qualités qui lui sont demandées sont aussi demandées à chacun des frères ; nous avons à sortir de nous-mêmes pour être attentifs les uns aux autres.
Samedi 9 juillet :
Dans cette deuxième partie du chapitre sur le cellérier, il est autant question de cellérier lui-même que de la communauté, car c’est la relation entre celle-ci et celui-là qui est abordée ici.
Dans la première partie, saint Benoît développe les qualités du cellérier, et continue en insistant sur le souci qu’il doit avoir des frères. Mais il doit toujours agir avec humilité et dans l’obéissance.
Dans la seconde partie, nous pouvons relever quelques traits qui nous concernent autant que lui : d’abord le sens de la mesure et du respect des biens du monastère, car tout a son importance et il faut éviter la négligence comme le gaspillage.
Il y a aussi la part qui revient à chacun. Cette part peut être différente de l’un à l’autre et on retrouve ici l’image de la première communauté chrétienne où « l’on donnait à chacun suivant ses besoins ». C’est le rôle du cellérier d’être attentif aux besoins de chacun, mais en même temps nous devons aussi faire preuve de patience et mettre une distance entre nos demandes et leur réalisation, car il n’est pas toujours possible d’avoir immédiatement satisfaction ! Il nous faut distinguer entre les urgences réelles et celles qui peuvent attendre. Le temps nous apprend la juste mesure et la maîtrise de nos besoins.