Écouter une parole du Bec en 2022 – S17

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Catégorie : Vie monastique

CHAPITRE 67 : DES FRÈRES QUI PARTENT EN VOYAGE.

Lundi 25 avril, solennité de saint Anselme :

     De Dom Guillaume : « Saint Benoît attache une grande importance à la clôture [..] En effet, pour saint Benoît, comme pour toute la grande tradition monastique depuis les Pères du désert, la vie monastique est fondée sur le postulat de l’unité de la personne humaine. L’extérieur modifie la vie intérieure et la vie intérieure transfigure les pratiques extérieures. Celui qui négligerai les moyens extérieurs montrerait qu’il n’a rien compris à l’un des points les plus fondamentaux de la Révélation : la loi de l’incarnation. Dieu veut nous ramener à l’unité que le péché a brisée. Il veut nous ramener de la multiplicité du péché, de la dispersion, à notre vocation de ‘’moine’’ au sens étymologique du terme, c’est-à-dire un être unifié ».

Saint Anselme, que l’on fête exceptionnellement aujourd’hui, est pour nous l’exemple concret d’un moine unifié. Malgré une vie, ô combien mouvementée, il nous prouve, par l’unité et le développement de sa pensée, qu’il s’est toujours appuyé sur le seul rocher inébranlable qui est le Christ, comme il l’a écrit lui-même au Bec : « C’est là qu’est le lieu de mon repos ; ici, Dieu seul, l’objet de mes pensées et de mes désirs. Son seul amour sera ma contemplation ».CHAPITRE 68 : SI L’ON COMMANDE À UN FRÈRE DES CHOSES IMPOSSIBLES.

Mardi 26 avril :

Commander à un frère des choses impossibles peut arriver n’importe quand ; aussi saint Benoît nous indique comment réagir dans ce cas : pas de murmures ni de discussions violentes. Au contraire, c’est dans un dialogue avec le supérieur qu’on pourra revoir la question. Et si l’ordre est maintenu, nous devons alors nous tourner vers Dieu avec simplicité et humilité. Sa réponse, c’est son Fils mort sur la croix, puis ressuscité le troisième jour. Par son obéissance, il nous a libérés du péché et de la mort ; par notre obéissance, nous pouvons nous associer à sa Pâque et nous offrir à lui en reconnaissant que l’obéissance transfigurera notre vie et nos actes.

 

CHAPITRE 69 : QUE NUL DANS LE MONASTÈRE NE SE PERMETTE D’EN DÉFENDRE UN AUTRE.

Mercredi 27 avril :

Se permettre de défendre un autre frère, de quelque manière que ce soit, peut aggraver les conflits et les divisions. Dans ce cas, on flatte les partis et les alliances ; on les fait passer avant l’Alliance avec le Christ que nous avons scellée le jour de notre profession. Rappelons-nous la parole du Seigneur : « celui qui ne renonce pas à son père, sa mère, etc… n’est pas digne de moi ».

Suivre le Christ implique le renoncement à un comportement trop humain, aux affections et amitiés naturelles. L’amour naturel doit se fondre dans l’amour du Christ et non se poser en rival de celui-ci. L’amour du Christ assume et embellit l’amour naturel, il lui enlève le caractère possessif qu’il a tendance à avoir pour établir une distance respectueuse avec celui qui en est l’objet.

 

CHAPITRE 70 : QUE NUL NE SE PERMETTE D’EN FRAPPER D’AUTRES.

Jeudi 28 avril :

Saint Benoît se montre très sévère contre toute volonté de puissance : personne ne doit se permettre dans le monastère de corriger, ou pire, d’excommunier un frère de son propre chef. La correction relève de l’abbé ou de celui qu’il aura désigné ; si non, elle sera le signe d’un orgueil manifeste. On ne s’établit pas soi-même redresseur de torts. Il faut commencer par s’examiner soi-même et faire preuve d’humilité.

La correction peut s’exercer dans le cadre de la communauté ; c’est ce que l’on trouve dans l’évangile de saint Matthieu au chapitre 18, versets 15 à 18. Ainsi pratiquée, elle évitera les mouvements d’humeur ou la colère, et sera plus pondérée dans sa décision et sa mise en œuvre.

Saint Benoît recommande aussi de ne jamais se départir de la charité qui doit pénétrer nos vies et les transformer. C’est ainsi que la communauté peut se construire.

 

CHAPITRE 71 : QU’ILS SOIENT OBÉISSANTS ENTRE EUX.

Vendredi 29 avril :

      L’obéissance est l’un des trois vœux que prononce le moine à sa profession. C’est le moyen de revenir à Dieu proposé par saint Benoît dans le Prologue. Comment y parvenir ? En suivant la Règle développée par saint Benoît, la Règle qui est une mise en œuvre de la Parole de Dieu. Suivre la Règle, c’est donc le moyen qui nous est donné pour marcher à la suite de Jésus, le Fils qui lui-même a vécu une totale obéissance à son Père.

Nous venons de célébrer le mystère pascal, mystère de mort et de résurrection qui est l’achèvement de l’obéissance du Fils. Cette obéissance pour nous, passe par des médiations : obéissance à l’abbé, obéissance aux anciens, obéissance mutuelle, car ensemble, nous pouvons nous guider et nous soutenir dans la marche à la suite du Christ.

Nous vivons l’obéissance filiale et l’obéissance fraternelle ; et c’est ensemble que nous la vivons, car elle permet l’édification de notre communauté ; et c’est encore ensemble que nous avançons dans la vie avec le Seigneur.

 

CHAPITRE 72 : DU BON ZÈLE QUE DOIVENT AVOIR LES FRÈRES.

Samedi 30 avril :

     Dans cet avant-dernier chapitre de sa Règle, saint Benoît rappelle un commandement qui doit englober tous les autres et pénétrer toute notre vie : c’est la charité. Il en décline ici les différents aspects : patience, respect, attention aux autres, prévenance… La crainte de Dieu doit être une crainte d’amour et non une crainte d’esclave. On pense à la première Épitre de saint Jean : « L’amour parfait bannit la crainte » (Jn. 4, 18). Et par-dessus tout, ne rien préférer au Christ, cette recommandation étant donnée de nouveau ici (cf. chapitre 4, v. 21), comme dans le chapitre des instruments des bonnes œuvres.

La charité est le meilleur moyen pour parvenir à la vie éternelle. Elle nous ouvre à nos frères, et c’est tous ensemble que Jésus nous conduit à la vraie Vie. On ne fait pas son petit salut tout seul dans son coin ! Nous vivons en frères, en communauté, en Église. Le salut des autres doit toujours nous préoccuper.

Charité et obeissance