Évangile : « Qu’ils soient un, comme nous-mêmes »
En ce temps-là, les yeux levés au ciel, Jésus priait ainsi : « Père saint, garde mes disciples unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné, pour qu’ils soient un, comme nous-mêmes. Quand j’étais avec eux, je les gardais unis dans ton nom, le nom que tu m’as donné. J’ai veillé sur eux, et aucun ne s’est perdu, sauf celui qui s’en va à sa perte de sorte que l’Écriture soit accomplie.
Et maintenant que je viens à toi, je parle ainsi, dans le monde, pour qu’ils aient en eux ma joie, et qu’ils en soient comblés. Moi, je leur ai donné ta parole, et le monde les a pris en haine parce qu’ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi je n’appartiens pas au monde. Je ne prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais. Ils n’appartiennent pas au monde, de même que moi, je n’appartiens pas au monde.
Sanctifie-les dans la vérité : ta parole est vérité. De même que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi, je les ai envoyés dans le monde. Et pour eux je me sanctifie moi-même, afin qu’ils soient, eux aussi, sanctifiés dans la vérité. »Homélie :
En cette grande neuvaine de préparation à l’effusion de l’Esprit Saint, l’Église nous propose d’entrer avec cette eucharistie dans la prière de Jésus.
Nous sommes invités à laisser cette prière transformer notre cœur et notre intelligence dans le mouvement d’amour éternel de Jésus vers son Père et ses disciples.
Plus que Moïse au buisson ardent, Jésus a reçu le Nom du Seigneur Dieu pour le donner à ses frères comme la présence du Père Dieu-avec-nous qui nous garde et nous conduit.
Plus que le grand prêtre sanctifié – mis à part, afin de prier pour tous au jour des Expiations dans le Saint des Saints – Jésus invoque le Nom ineffable du Dieu Père. Il est le sanctuaire définitif et se sanctifie lui-même ‘pour nous’. Se sanctifier, ce n’est pas se retirer pour se préserver de l’impureté ambiante. Ce n’est pas se mettre à part mais s’unir à Dieu « qui est notre rempart ». Son amour nous garde de l’orgueil et du mépris des autres.
Jésus est mis à part dans l’offrande unique de sa vie, comme l’avait annoncé la figure du serviteur, souffrant ‘pour nous’, révélée au prophète Isaïe (chap 53). Jésus prie le Père de nous sanctifier avec lui, de nous libérer et nous entraîner dans un même mouvement d’amour vers le Père et vers nos Frères. Jésus est notre intercesseur pour l’éternité. La vérité, c’est la solidité de la Parole de Dieu, c’est le Christ dans sa Pâque qui nous sanctifie avec Jésus par notre baptême, dans chaque eucharistie, dans chaque passage de la mort à la vie consenti par amour.
Méfions-nous de ces images soi-disant spirituelles que nous véhiculons en faussant la Parole de Dieu. Dieu ne nous libère pas, Jésus ne monte pas au ciel « comme se retire (froidement) la mer pour laisser émerger les continents ». La Parole de Dieu nous montre Dieu comme une mère qui enveloppe, protège et nourrit son enfant en son sein jusqu’à la naissance, qui est un nouveau chemin de rencontre et d’amour dans la liberté.
Vivre dans la vérité la relation à Dieu et avec les autres, c’est être enracinés dans la Parole de Dieu, revêtus du Christ, mis à part, dans le monde pour le sanctifier dans l’amour par l’Esprit-Saint répandu dans nos cœurs. Comme Jésus, notre sanctification et notre mission se s’enrichissent mutuellement par les dons de l’Esprit, qu’il nous faut oser demander. « Voyez comme ils s’aiment, disait-on des premiers chrétiens ». Le fruit de cet amour créateur de vie est la joie de Dieu que nous donne son Esprit. Il nous faut croire à la joie qui nous comble au plus profond, et que personne ne peut nous ravir : elle est un fruit de l’Esprit Saint que Jésus demande pour nous dans cette sainteté à laquelle il nous appelle avec lui, qui rayonne et réchauffe dans Espérance ceux vers qui il nous envoie.
Le fruit que Jésus demande pour nous à son Père est « que nous soyons Un ». C’est cette prière de Jésus, traduite en latin’ : Ut omnes unum sint’, qui est gravée dans la pierre de notre église : puisse t’elle être gravée en langues de feu de chacun de nos cœurs ! Non pas la recherche de l’uniformité, mais cette unité venant de l’Esprit de Dieu qui fait vivre chacun par le respect et la communion que lui donne l’autre, comme Jésus révèle son Père, dans l’humble Esprit-Saint. Anticipons au cours de cette semaine, pour nous laisser pétrir par la grâce de l’Esprit Saint, la belle prière avant l’évangile que nous propose la liturgie de l’Église le jour de la Pentecôte :
Viens, Esprit Saint en nos cœurs
Et envoie du haut du ciel
Un rayon de ta lumière.
Viens en nous, père des pauvres,
Viens dispensateur des dons,
Viens lumière de nos cœurs.
Consolateur souverain,
Hôte très doux de nos âmes,
Adoucissante fraîcheur.
Dans le labeur, le repos ;
Dans la fièvre, la fraîcheur ;
Dans les pleurs, le réconfort.
O lumière bienheureuse,
Viens remplir jusqu’à l’intime
Le cœur de tous les fidèles.
Sans ta puissance divine,
Il n’est rien en aucun homme,
Rien qui ne soit perverti.
Lave ce qui est souillé,
Baigne ce qui est aride,
Guéris ce qui est blessé.
Assouplis ce qui est raide,
Réchauffe ce qui est froid,
Rends droit ce qui est faussé.
A tous ceux qui ont la foi
Et qui en toi se confient
Donne tes sept dons sacrés.
Donne mérite et vertu,
Donne le salut final,
Donne la joie éternelle. Amen !
Frère Jean-Marie
Moine du Bec