Évangile : « Jésus fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu »
En ce temps-là, Jésus ressuscité se manifesta aux onze Apôtres et leur dit : « Allez dans le monde entier. Proclamez l’Évangile à toute la création. Celui qui croira et sera baptisé sera sauvé ; celui qui refusera de croire sera condamné.
Voici les signes qui accompagneront ceux qui deviendront croyants : en mon nom, ils expulseront les démons ; ils parleront en langues nouvelles ; ils prendront des serpents dans leurs mains et, s’ils boivent un poison mortel, il ne leur fera pas de mal ; ils imposeront les mains aux malades, et les malades s’en trouveront bien. »
Le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Quant à eux, ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la Parole par les signes qui l’accompagnaient.Homélie :
Dans les premiers temps de l’Église, la mémoire de l’Ascension était évoquée au terme de la cinquantaine pascale. On célébrait en ce même dimanche l’entrée du Seigneur Jésus dans la gloire du Père et l’effusion de son Esprit. Puis, pour mieux approfondir la richesse du mystère pascal, la liturgie a distingué au 40e jour la célébration de l’Ascension. Cette fête ne marque pas la fin du temps Pascal. Elle n’en est qu’une étape. C’est la dernière apparition du Seigneur ressuscité à ses disciples. Le temps pascal s’achèvera à la Pentecôte avec le don de l’Esprit Saint, mais pour mieux se diffuser tout au long de l’année liturgique.
L’Ascension célèbre le retour du Christ auprès du Père dans la gloire. Après ces paroles, tandis que les Apôtres le regardaient, il s’éleva et une nuée vint le soustraire à leurs yeux dit le livre des Actes des Apôtres. Et l’Évangile selon Saint Marc dit : « le Seigneur Jésus, après leur avoir parlé, fut enlevé au ciel et s’assit à la droite de Dieu. Les textes liturgiques expriment ce mystère dans un langage symbolique. Le ciel évoque le monde divin, la nuée la gloire de Dieu.
En fait, c’est dès l’instant de sa résurrection que Jésus est entré avec son humanité dans la vie de Dieu. Sans cesser d’être homme, il est un avec Dieu, il est Dieu avec son Père et l’Esprit Saint. Il est vraiment le Fils unique de Dieu devant qui nous nous prosternons comme les disciples. Et cependant Jésus est et demeure vraiment homme. Il est notre frère. Il monte au ciel avec notre humanité qu’il a assumé au jour de l’incarnation. C’est par elle qu’il a accompli l’œuvre de rédemption, en mourant sur la Croix et en ressuscitant au matin de Pâques. Par sa mort sur la Croix, il a rouvert les portes du paradis pour y réintégrer notre humanité. La liturgie mozarabe dit ceci : « Aujourd’hui notre Sauveur, après s’être uni une chair, gagne le trône de la divinité ; aujourd’hui il présente à son Père l’humanité qu’il avait présenté à la Passion, exaltant au Ciel celle qui l’avait abaissé dans les enfers. » Ainsi, comme le Christ et le chef de l’humanité, c’est la nature humaine tout entière, en ses prémices, qui est glorifiée en la personne du Sauveur. Il nous précède dans la gloire ou nous vivons dans l’espérance. A sa suite, nous sommes en marche vers le ciel.
Pourtant, en devenant invisible à nos yeux, le Christ ne nous abandonne pas. L’ascension est la dernière apparition visible du Christ Ressuscité, mais par son absence le ciel, ou Jésus est entré, n’est pas un ailleurs et il n’est pas pour plus tard. Il commence ici et maintenant grâce à l’Esprit Saint qu’il promet à ses disciples. Et dont nous célébrerons l’effusion en plénitude à la Pentecôte. Le ciel commence quand nous vivons avec le Christ sur la terre, quand nous lui offrons notre vie, quand nous le prions, quand nous lui sommes unis par les sacrements, quand nous nous accueillons et nous servons les uns les autres. C’est ainsi que commence avec lui le monde nouveau et que se déploie en nous sa résurrection.
Mais pour qu’advienne le monde nouveau, pour que le Royaume de Dieu s’établisse sur la terre, nous ne pouvons rester passifs. Les Apôtres sont secoués de leur tristesse par les deux anges : « Galiléens, pourquoi restez-vous à regarder vers le ciel ? » et dans l’évangile de Marc, juste avant son départ, Jésus leur donne un ordre de mission.
Et, en conclusion de l’Évangile, Marc résume : « Quant à eux, Ils s’en allèrent proclamer partout l’Évangile. Le Seigneur travaillait avec eux et confirmait la parole par les signes qui les ‘accompagnaient.
En fait, cette mission des Apôtres va se déployer dans le temps. À partir de la Pentecôte puis tout au long de l’histoire, elle est l’œuvre de l’Esprit Saint. Les apôtres et leurs successeurs sont les instruments de Dieu et nous-mêmes à leur suite, pourvu que nous soyons dociles aux appels de l’Esprit Saint.
Cette mission est universelle, elle concerne toute l’humanité. Mais elle respecte la liberté de chacun. Le salut est donné à celui qui croira. C’est ainsi que se construit l’Église, la Communauté de ceux qui croient. Les individus isolés deviennent un seul Corps uni par l’Esprit Saint.
L’Église est le Corps du Christ ressuscité, nous dit l’Apôtre Paul dans l’épître aux Éphésiens. Il adresse à tous ceux qui croient, qui ont été baptisés, un vibrant appel à l’unité. Il faut d’abord s’oublier soi-même pour accueillir les autres. Il faut beaucoup d’humilité, de douceur et de patience. Supportez-vous les uns les autres avec amour, ayez soin de garder l’unité dans l’esprit par le lien de la paix.
L’Église se construit grâce aux dons de l’Esprit. C’est dons sont variés et les membres du Corps sont complémentaires dans leur diversité. C’est ainsi que se réalise la volonté du Seigneur au moment de son départ auprès du Père. Sa mission se poursuit au long du temps jusqu’à son achèvement.
En ces jours qui nous préparent à la Pentecôte, prions l’Esprit Saint de continuer son œuvre en nous, dans nos communautés, dans nos familles, dans nos paroisses et nos diocèses, dans son Église. Que le monde s’ouvre au souffle de l’Esprit pour en être transformé. Nous croyons qu’il est à l’œuvre en nos vies. Que son amour nous pénètre afin que notre témoignage touche le cœur de ceux qui nous entourent et les conduisent vers le Seigneur qui désire les sauver.
Père Claude
Prieur du Bec