Vendredi saint 2 avril 2021
Au début de ce vendredi saint, laissons-nous conduire par Jésus lui-même, suivons-le depuis de Gethsémani jusqu’au tombeau où il sera déposé au soir de cette longue journée.
Nous venons de chanter plusieurs psaumes qui tous expriment la plainte et la prière du juste abandonné, persécuté. Nous avons entendu la troisième lamentation du prophète Jérémie où la plainte du peuple devient celle d’un seul homme. Dans l’office de la Passion, nous verrons le Serviteur du Seigneur, accablé de souffrance et mené au supplice comme une brebis à l’abattoir. Tous ces textes convergent vers Jésus, le juste et l’innocent persécuté, abandonné, bafoué, condamné et mis à mort.
Mais sa mort n’est pas un fait divers. Comme dit le prophète Isaïe : « C’étaient nos souffrances qu’il portait, nos douleurs donc il était chargé. Le châtiment qui nous obtient la paix est tombé sur lui, c’est par ses blessures que nous sommes guéris. »Car, en prenant sur lui nos souffrances, celles de tout le peuple qui a préparé sa venue, celles de tous les hommes qui viendront après lui, Il en a changé le sens. En les prenant sur lui jusqu’à en mourir, il les retourne pour les entraîner avec lui dans un élan salvateur. Il donne sa vie par amour, la remet à son Père qui ne l’a pas abandonné et lui donne la victoire sur le mal et sur la mort. C’est pourquoi nous sommes sauvés par ses souffrances et sa mort sur la Croix.
En ce jour, faisons silence pour laisser tous ces textes de l’Écriture, psaumes, prophètes, récit de la Passion, nous rejoindre au plus intime de nos cœurs. Accueillons la plainte et la douleur de tant de nos contemporains accablés par la violence, la pauvreté, la maladie et toutes sortes d’épreuves, pour les associer à la Passion de Jésus. Que le mystère de la Croix resplendissent sur eux et ravive leur espérance. C’est la Victoire de l’Amour.Samedi saint 3 avril 2021
Le samedi saint et un jour unique dans l’année, un jour mystérieux. Une homélie ancienne pour le grand et saint Samedi commence ainsi : « Que se passe-t-il ? Aujourd’hui grand silence sur la terre ; grand silence et ensuite solitude ; grand silence parce que le Roi sommeille ; la terre a tremblé et elle s’est apaisée, parce que Dieu s’est endormi dans la chair et il a éveillé ceux qui dorment depuis les origines. »
Ce silence, la liturgie l’exprime par l’absence d’office jusqu’à la célébration de la résurrection du Seigneur dans la nuit, au matin du troisième jour. Les psaumes et répons que nous venons de chanter expriment cette paix qui entoure le sommeil du juste. Le Christ repose dans le tombeau. La mort du juste appelle le silence. C’est, de plus, le repos du sabbat ou toute activité est suspendue.
Pourtant ce silence recouvre des attitudes diverses. Nous pouvons imaginer le désarroi des disciples, et pas seulement les onze – les disciples d’Emmaüs font partie du cercle beaucoup plus large -. Tous leurs espoirs se sont effondrés avec la mort de leur maître. Ils sont encore sous le choc, tristes, découragés, amers de leur abandon, de leur lâcheté, et Pierre de son reniement. Ils se cachent.
Ne sommes-nous pas, nous aussi, découragés, en proie au désarroi, à la déception en voyant tant d’échecs, de faiblesses, de précarité dans l’Église, et aussi d’abandons et de lâchetés ?
Mais rappelons-nous, qu’au pied de la Croix, se tenait la mère de Jésus, quelques femmes et quelques disciples dont Jean à qui Jésus confie Marie. Dès le début, l’Évangile de Luc nous dit que Marie conservait tous ces événements dans son cœur. À plus forte raison en ce grand sabbat où elle est la « Mère des douleurs ». En ce jour où Dieu se fait silencieux, elle demeure fidèle. Elle croit en la promesse de Dieu. Alors que la déception remplit les cœurs, elle garde l’espérance. Elle demeure dans une attente confiante. Si elle peut rester stable dans la foi et dans l’espérance, c’est en raison de son amour inébranlable, cet amour qu’elle a toujours éprouvé pour son fils, donné par Dieu, et qui s’étend à tous ses enfants.
En traversant ce temps d’attente, ce jour où Dieu se fait silence, confions-nous à la prière maternelle de Marie, à son intercession pour tant d’hommes qui traversent, comme les disciples, la nuit du doute, de la déception, du désarroi. Veillons dans le silence pour accueillir demain la victoire de la Vie et de l’amour sur la mort et le péché.
Père Claude
Prieur du Bec