Évangile : « La lèpre le quitta et il fut purifié »
En ce temps-là, un lépreux vint auprès de Jésus ; il le supplia et, tombant à ses genoux, lui dit : « Si tu le veux, tu peux me purifier. » Saisi de compassion, Jésus étendit la main, le toucha et lui dit : « Je le veux, sois purifié. » À l’instant même, la lèpre le quitta et il fut purifié. Avec fermeté, Jésus le renvoya aussitôt en lui disant : « Attention, ne dis rien à personne, mais va te montrer au prêtre, et donne pour ta purification ce que Moïse a prescrit dans la Loi : cela sera pour les gens un témoignage. » Une fois parti, cet homme se mit à proclamer et à répandre la nouvelle, de sorte que Jésus ne pouvait plus entrer ouvertement dans une ville, mais restait à l’écart, dans des endroits déserts. De partout cependant on venait à lui.Homélie
L’évangile de Marc est un Evangile où il y a plus de gestes que de paroles. Ici tout un scénario se joue dans les positions.
Le lépreux n’aurait jamais dû rentrer à Capharnaüm. Il enfreint les codes et se précipite vers Jésus. Et Jésus l’accueille, le touche et par là même se rend aussi impur que le lépreux. Il y a une identification de Jésus avec le malade. Et, aussitôt, la fièvre, la lèpre, la maladie le quitte.
Cet homme est soigné : il n’a plus la lèpre. Mais Jésus lui demande d’accomplir ce qui est prévu par la loi, d’aller vers ceux qui, seuls, peuvent attester qu’il est guéri. Cet homme est soigné mais, en allant voir les prêtres, la guérison le remet dans ses relations sociales normales : sa famille l’attend.
Jésus ne le guérit pas, il ne se met pas à la place des autres.
Or, c’est la même chose aujourd’hui pour nous. Si les soins peuvent enrayer l’atteinte du virus ou de la pandémie, il reste toujours à faire le travail de guérison : remettre le malade dans le réseau social, lui redonner sa place.
Combien de maladies isolent les malades (le cancer). La maladie fait peur, les médecins soignent mais la guérison dépend de nous. Et de la réintroduction de la grâce pendant la convalescence.
Jésus renvoie toujours l’homme soigné à la guérison dans son peuple. Le lépreux, guéri, soigné, rentre dans son milieu.
Et ensuite la foule veut bénéficier de la présence du Christ. Elle le suit etc…Il y a comme une surconsommation de cette présence. Jésus est comme un Roi, un libérateur.
2ème acte : maintenant, c’est Jésus qui s’en va dans le désert, là où le lépreux aurait dû se tenir. Jésus va prendre la place du rejeté, de l’exclu. C’est la situation qu’Il a voulue : il a voulu la dernière place, celle du rejeté, de l’exclu. Et c’est la dernière vision de l’évangile de Marc : un Christ sur la Croix qui a tout donné, qui est en désert de soi-même.
Mais il reste sa parole. Dans le désert, sa parole retentit plus fort. On est trop entouré de bruit, d’informations, de racontars qui empêchent d’entendre la parole. Mais là, dans le désert, la parole retentit et, au fond du désert, elle attire et appelle.
Mgr Albert ROUET
Archevêque Emérite de Poitiers.