Retour au Bec

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7 juin. Bonheur de retrouver le Bec. Nous sommes arrivés hier soir, sous un soleil pâlichon, comme si lui non plus n’avait pas mis le nez dehors depuis des semaines. Les cloches des complies sonnaient à peine avions-nous sauté de l’auto : une petit larme idiote s’est invitée au coin de l’œil.

Juste le temps de débarrasser nos affaires pour aller faire un tour dans le village, qui n’a pas bougé. Sauf que les oiseaux ont l’air d’en avoir pris à leur aise : on voit qu’ils n’ont pas été dérangés pendant trois mois, ça pépiait de partout. Une mésange posée sur la chaussée devant la salle des fêtes ne voulait pas s’envoler, on était pourtant à moins d’un mètre.

la maison devait se dire qu’elle ne nous reverrait plus ; et le jardin ressemble à une jungle. D’ici à ce qu’un tigre apparaisse derrière les herbes qui grimpent jusqu’aux genoux…"

Les roses sont encore belles mais il y a beaucoup de pétales à leur pied. Tout est encore d’un beau vert clair.

Presque trois mois séquestrés à Paris. On se demandait si nos jambes allaient encore marcher ! Et trois mois à prier seul et sans communier. La vie intérieure a du bon mais des limites. Il paraît que les frères ont bien tenu le coup. Savoir si les offices ont repris comme d’habitude, c’est-à-dire devant les fidèles… Tous masqués ? Ce sera la surprise demain ou après-demain.

Il y a tant à faire ici : la maison devait se dire qu’elle ne nous reverrait plus ; et le jardin ressemble à une jungle. D’ici à ce qu’un tigre apparaisse derrière les herbes qui grimpent jusqu’aux genoux… Mais la fête aux pissenlits et au chiendent est finie : d’ici la fin de la semaine, tout aura repris un air plus « catholique ». Enfin, espérons… Le temps est tout de même bien gris, ce soir, et glacial. Mais bon : comme chacun sait, la pluie du Bec ne mouille pas et les cheminées marchent même en été !

Gérard Cohen
Oblat du Bec, Osb