Homélie :
« Je t’ai prié et tu n’as pas voulu m’écouter ; j’ai prié mon Seigneur et il m’a exaucée. »
En cette Solennité de la fête de Sainte Scholastique, l’Évangile de ce jour nous présente le comportement opposé de deux femmes, des sœurs, qui sont devenues pour l’Église comme un symbole. Une occupée aux tâches ménagères, l’autre, aux pieds de Jésus écoutant ses paroles. Ce sont deux sœurs Marthe et Marie, comme Saint Benoît et sainte Scholastique, qu’on ne peut pas séparer. Ce sont deux comportements que nous ne pouvons pas dissocier. Plus le temps passe, plus il devient nécessaire que les deux comportements coexistent dans chaque chrétien : le travail intense et la contemplation. Les deux façons d’être définissent la personne dans sa vie spirituelle.
Marthe « le reçu dans sa maison ». Cette phrase se trouve à plusieurs reprises dans les saintes écritures. Heureuse cette femme qui a reçu le Seigneur ? Si seulement on pouvait dire la même chose à notre sujet, que nous recevons le Seigneur chez nous, dans notre âme. Nous le faisons quand nous défendons sa doctrine sans honte, quand nous n’avons pas honte de proclamer l’Évangile par la parole et par les œuvres. Nous nous mettons au service du Seigneur quand nous nous efforçons de mettre en pratique les exigences de notre religion, de notre Règle de vie, de notre consécration. « Car l’amour est plus fort que la mort. » « L’Amour cherche l’amour… il se laisse chercher et aime se laisser trouver. » Il faut se lever et allumer la lampe de l’Amour,
Sainte Scholastique, sœur de saint Benoît, a brillé par sa grande pureté, par son grand amour. Elle est une merveille de la grâce de Dieu qui nous fait chanter et qui nous tire vers le haut. La beauté de Sainte Scholastique nous oriente vers la louange et nous fait aspirer à la grande sainteté rayonnante.
Selon quelque tradition Sainte Scholastique et Saint Benoît étaient de faux jumeaux. Les deux enfants s’aimaient beaucoup. Selon une pratique courante, leurs parents les avaient voués à Dieu dès leur naissance, mais l’enfant devait ensuite ratifier cette consécration de plein gré. Quand saint Benoît s’installe au Mont-Cassin, Scholastique le suit et se met entièrement sous sa direction et elle dirige un monastère féminin à quelque distance de celui de son frère.
Saint Grégoire le Grand résumait la vie de Sainte Scholastique en deux points : « le pouvoir et l’amour ». Non le pouvoir au sens de domination, de gouverner, d’autorité ; mais le pouvoir comme une capacité, une faculté de pouvoir faire certaines choses, de pouvoir agir. Nous connaissons par cœur le récit émouvant de la dernière rencontre de Saint Benoît avec sa sœur Sainte Scholastique, dans les dialogues de Saint Grégoire le Grand. Selon la parole de saint Jean, « Dieu est amour, et par un juste jugement, celle qui a aimé davantage a été la plus puissante. » Saint Grégoire raconte à son sujet qu’« elle se consacre au Seigneur depuis son enfance et qu’elle passait beaucoup de temps en entretiens spirituels avec son frère.
Dans la joie de cette célébration, unissons-nous à l’action de grâce de notre Sœur et doyenne, Sœur Jeanne Marie qui célèbre ses 92 ans de vie sur cette terre. Disons-lui merci pour le don de sa vie à Dieu dans cette communauté du Bec, pour le témoignage et pour la fidélité à la Parole de Dieu vécue et partagée. Apprenons tous de nos anciennes, de nos anciens et de Sainte Scholastique, à élever nos conversations à un niveau spirituel et, comme elle, sainte Scholastique, sachons, même en vivant dans le monde ou dans nos communautés, être contemplatifs.
Père Dieudonné
Prieur du Bec