Évangile : « Heureux, les pauvres ! Quel malheur pour vous, les riches ! »
En ce temps-là, Jésus descendit de la montagne avec les Douze et s’arrêta sur un terrain plat. Il y avait là un grand nombre de ses disciples, et une grande multitude de gens venus de toute la Judée, de Jérusalem, et du littoral de Tyr et de Sidon.
Et Jésus, levant les yeux sur ses disciples, déclara : « Heureux, vous les pauvres, car le royaume de Dieu est à vous. Heureux, vous qui avez faim maintenant, car vous serez rassasiés. Heureux, vous qui pleurez maintenant, car vous rirez. Heureux êtes-vous quand les hommes vous haïssent et vous excluent, quand ils insultent et rejettent votre nom comme méprisable, à cause du Fils de l’homme. Ce jour-là, réjouissez-vous, tressaillez de joie, car alors votre récompense est grande dans le ciel ; c’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les prophètes.
Mais quel malheur pour vous, les riches, car vous avez votre consolation ! Quel malheur pour vous qui êtes repus maintenant, car vous aurez faim ! Quel malheur pour vous qui riez maintenant, car vous serez dans le deuil et vous pleurerez !
Quel malheur pour vous lorsque tous les hommes disent du bien de vous ! C’est ainsi, en effet, que leurs pères traitaient les faux prophètes. »
Homélie :
L’Évangéliste Luc était un homme très doué, apologiste, médecin et humaniste, missionnaire, voyageur, membre de l’équipe apostolique de saint Paul, ce dernier, pour désigner Luc parlait du « médecin bien aimé ».
Le regard de Luc sur les pauvres et les malades est un regard profondément compatissant, plein d’empathie et de bonté.
Il est le seul évangéliste à rapporter la parabole du bon Samaritain dans la quelle la pratique des premiers soins à un blessé est relatée. Il écrit que le samaritain-secouriste a oint les plaies de l’homme blessé avec de l’huile avant d’y verser du vin.
Une manière de montrer que c’est Jésus, le bon Samaritain de la vie qui panse d’abord les plaies des malheureux, des angoissés comme de toute la horde des pécheurs qui viennent à lui, avant de tout nettoyer et de stériliser. Car le péché est une maladie, il est même la seule maladie qui peut aller jusqu’à gangréner tout l’être, corps et âme. Or, nous sommes tous des pécheurs, des blessés, des malades et Jésus est notre unique médecin, lui seul peut nous guérir de tout mal.
Écoutons le dans ce passage d’Évangile : « Heureux, vous les pauvres ». Cette première béatitude résume toutes les autres.
Avoir une âme de pauvre, c’est avant tout reconnaitre qu’il nous manque quelque chose d’essentiel dans un domaine ou un autre. Le pauvre est celui qui tend la main, qui a besoin des autres.
La pauvreté évangélique, la pauvreté de Jésus est, pourrait on dire, la valeur de base de la vie chrétienne, elle est la porte étroite qui nous est proposée ou imposée par la grâce à un certain moment de nôtre vie.
Le vrai pauvre en esprit espère, fait confiance à Dieu, marche dans la foi.
L’obéissance d’Abraham est essentiellement un acte de pauvreté, un oui total à Dieu, il remet son fils, son unique dans ses mains.
Seul le pauvre avance dans la connaissance de Dieu, à l’inverse du riche qui possède une idée de Dieu et ne veut pas en démordre. C’est pourquoi Jésus dit qu’ils sont malheureux. Le père Jousse écrivait : « les pauvres n’ont pas d’idée sur Dieu, ils ont une expérience de Dieu ».
Si on voulait schématiser la différence entre le riche et le pauvre (il n’est pas seulement question du riche fortuné), on pourrait dire que le riche, sur de lui, invite les autres avec les autres avec une certaine distance, montrant sa force sans savoir. Alors que le pauvre les rencontre avec son cœur en se montrant tel qu’il est.
« Heureux les pauvres de cœur », Jésus leur ouvre un futur inattendu dans leur vie. Parfois sans avenir, humainement parlant.
Jésus porte une porte au cœur même dans les impasses les plus fermées.
Aujourd’hui encore, les béatitudes que, nous venons d’entendre sont comme lancées à la cantonade, elle sont proclamées pour qui voudra bien les entendre et les faire siennes. Écoutons les avec notre cœur.
Les paroles de Jésus sont les seules qui ont le pouvoir d’apaiser et de soigner. Jésus est un thérapeute, sa mission est de délivrer les captifs, de guérir.
Il est passé en faisant le bien et, ce matin encore, en le recevant dans l’Eucharistie, il passe en nos cœurs en nous donnant la paix. Acceptons d’être pauvres, d’être vraiment pauvres de cœur, laissons tomber tout orgueil, tout égoïsme, soyons comme des enfants en présence d’un Père qui nous aime, jusqu’à donner son Fils pour nous sauver et nous faisant entrer dès maintenant dans son royaume.
« Heureux, vous les pauvres, heureux ceux qui pleurent maintenant, heureux ceux qui sont rejetés, heureux êtes vous car le royaume de Dieu est à vous ».
Frère Michel
Moine du Bec