3ème dimanche de Pâques -Luc (24, 13-35)

Évangile« Il se fit reconnaître par eux à la fraction du pain »

Le même jour (c’est-à-dire le premier jour de la semaine), deux disciples faisaient route vers un village appelé Emmaüs, à deux heures de marche de Jérusalem, et ils parlaient entre eux de tout ce qui s’était passé.

Or, tandis qu’ils s’entretenaient et s’interrogeaient, Jésus lui-même s’approcha, et il marchait avec eux. Mais leurs yeux étaient empêchés de le reconnaître. Jésus leur dit : « De quoi discutez-vous en marchant ? »

Emmaus - Eglise St Etienne de Brie Comte Robert (77)

Alors, ils s’arrêtèrent, tout tristes. L’un des deux, nommé Cléophas, lui répondit : « Tu es bien le seul étranger résidant à Jérusalem qui ignore les événements de ces jours-ci. » Il leur dit : « Quels événements ? » Ils lui répondirent : « Ce qui est arrivé à Jésus de Nazareth, cet homme qui était un prophète puissant par ses actes et ses paroles devant Dieu et devant tout le peuple : comment les grands prêtres et nos chefs l’ont livré, ils l’ont fait condamner à mort et ils l’ont crucifié. Nous, nous espérions que c’était lui qui allait délivrer Israël. Mais avec tout cela, voici déjà le troisième jour qui passe depuis que c’est arrivé. À vrai dire, des femmes de notre groupe nous ont remplis de stupeur. Quand, dès l’aurore, elles sont allées au tombeau, elles n’ont pas trouvé son corps ; elles sont venues nous dire qu’elles avaient même eu une vision : des anges, qui disaient qu’il est vivant. Quelques-uns de nos compagnons sont allés au tombeau, et ils ont trouvé les choses comme les femmes l’avaient dit ; mais lui, ils ne l’ont pas vu. »

Il leur dit alors : « Esprits sans intelligence ! Comme votre cœur est lent à croire tout ce que les prophètes ont dit ! Ne fallait-il pas que le Christ souffrît cela pour entrer dans sa gloire ? » Et, partant de Moïse et de tous les Prophètes, il leur interpréta, dans toute l’Écriture, ce qui le concernait.

Quand ils approchèrent du village où ils se rendaient, Jésus fit semblant d’aller plus loin. Mais ils s’efforcèrent de le retenir : « Reste avec nous, car le soir approche et déjà le jour baisse. » Il entra donc pour rester avec eux.

Quand il fut à table avec eux, ayant pris le pain, il prononça la bénédiction et, l’ayant rompu, il le leur donna. Alors leurs yeux s’ouvrirent, et ils le reconnurent, mais il disparut à leurs regards. Ils se dirent l’un à l’autre : « Notre cœur n’était-il pas brûlant en nous, tandis qu’il nous parlait sur la route et nous ouvrait les Écritures ? » À l’instant même, ils se levèrent et retournèrent à Jérusalem. Ils y trouvèrent réunis les onze Apôtres et leurs compagnons, qui leur dirent : « Le Seigneur est réellement ressuscité : il est apparu à Simon-Pierre. » À leur tour, ils racontaient ce qui s’était passé sur la route, et comment le Seigneur s’était fait reconnaître par eux à la fraction du pain.

Dieu vient marcher à nos côtés, il écoute nos souffrances et perplexités, et soigne petit à petit notre incrédulité par l’enseignement de sa Parole.

Homélie :

Aujourd’hui St Luc nous apprend à nous laisser rejoindre par Jésus ressuscité avec les disciples d’Emmaüs : marcher avec Jésus et accueillir sa Parole pour retrouver l’espérance ; que nos cœurs lents se réchauffent en sa présence, que nous puissions communier avec lui et devenir ses témoins.

Le chemin d’Emmaüs est le chemin de notre vie. Qui d’entre nous n’est jamais retourné sur ses pas déçu par la vie, de Dieu et de lui-même, le cœur et l’intelligence obscurcis par les épreuves.

La parole de Dieu nous interpelle sur notre péché. Le péché des ‘bons’, le péché des bonnes personnes, qui est de s’habituer aux choses de Dieu, s’habituer à la prière, au mystères de la foi et qui, faute d’expériences extraordinaires tombent dans une dangereuse routine.

L’épisode des disciples d’Emmaüs nous montre l’immense pédagogie divine : Dieu vient marcher à nos côtés, il écoute nos souffrances et perplexités, et soigne petit à petit notre incrédulité par l’enseignement de sa Parole.

Jésus marche à notre rythme comme un ami aimant. Il nous invite à lui confier notre déception. Il nous montre comment la Bible nous révèle à travers toutes les situations la miséricorde de Dieu en quête de l’homme, sa Parole qui dessine la figure du Dieu sauveur : qui nous sauve en prenant sur lui notre médiocrité, notre mal et notre mort. Et nous parle au cœur, Dieu fait homme, Jésus crucifié et ressuscité, notre Pâque et notre salut.

Jésus, en nous révélant son mystère pascal nous fait franchir la plus grande distance : celle de notre intelligence à notre cœur !

La rencontre des disciples d’Emmaüs avec Jésus se renouvelle en chacune de nos eucharisties : nous avons écouté la Parole de Dieu à travers les Saintes Écritures : elles nous conduisent à reconnaître en Jésus notre seul Sauveur.

L’intelligence unie au cœur nous ouvre au mystère de la communion avec Jésus dans le partage du pain dans lequel nous reconnaissons, comme les disciples d’Emmaüs, son Corps ressuscité qui nous fait passer avec lui de la mort à la vie.

Les lectures de ce dimanche nous confortent par la foi de Pierre, devenu le roc sur lequel Jésus a voulu bâtir son Eglise : rempli du feu de l’Esprit Saint à la Pentecôte et confirmant ses frères dans la foi, par une lettre de Rome, à la fin de sa course : toujours témoin de la résurrection, source inépuisable de vie pour tous les croyants.

La communion au Christ vivant aujourd’hui fait de nous ses témoins. Jésus qui rompt le pain pour nous et se donne lui-même comme notre pain fait de nous ses frères qui, dans son Esprit, appellent Dieu : abba, papa – comme nous y invite St Paul. Nous passons de la conversation avec Jésus à la conversion du cœur par son Esprit et nous sommes tous appelés avec Pierre et les disciples d’Emmaüs, à témoigner de la rencontre et de la communion avec Jésus ressuscité qui transforme notre vie, nous unit à lui, fait de nous par son Esprit des frères et des sœurs pour la gloire de Dieu notre Père.

 

Frère Jean-Marie
Moine du Bec