3eme dimanche de l’Avent- Matthieu (11, 2-11)

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Catégorie : Homélies

Évangile« Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? »

En ce temps-là, Jean le Baptiste entendit parler, dans sa prison, des œuvres réalisées par le Christ. Il lui envoya ses disciples et, par eux, lui demanda : « Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? » Jésus leur répondit : « Allez annoncer à Jean ce que vous entendez et voyez : Les aveugles retrouvent la vue, et les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, et les sourds entendent, les morts ressuscitent, et les pauvres reçoivent la Bonne Nouvelle. Heureux celui pour qui je ne suis pas une occasion de chute ! »

Tandis que les envoyés de Jean s’en allaient, Jésus se mit à dire aux foules à propos de Jean : « Qu’êtes-vous allés regarder au désert ? un roseau agité par le vent ? Alors, qu’êtes-vous donc allés voir ? un homme habillé de façon raffinée ? Mais ceux qui portent de tels vêtements vivent dans les palais des rois. Alors, qu’êtes-vous allés voir ? un prophète ? Oui, je vous le dis, et bien plus qu’un prophète. C’est de lui qu’il est écrit : Voici que j’envoie mon messager en avant de toi, pour préparer le chemin devant toi.

Amen, je vous le dis : Parmi ceux qui sont nés d’une femme, personne ne s’est levé de plus grand que Jean le Baptiste ; et cependant le plus petit dans le royaume des Cieux est plus grand que lui. »

Jean envoie ses disciples à Jésus - Simao Rodrigues, c.1600-1625, Musée National d’Antigua & Barbuda, St.John’s, Antigua.
Jésus apporte la paix et affirme que le salut du monde avance chaque fois que le mal recule quelque part. Dieu est à l’œuvre lorsqu’un geste de bonté est posé envers les souffrants, les défavorisés, les pauvres, les rejetés de nos sociétés.

Homélie :

« Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ? » Jean Baptiste hésite, il est troublé. Se serait-il trompé ? Il croyait que le Messie viendrait comme un juge strict et impartial pour punir et récompenser. Et voilà que Jésus visite les publicains et les pécheurs, il guérit les malades, proclame « bienheureux » les gens patients et ceux et celles qui savent faire la paix. II dit qu’il ne faut pas juger les autres et qu’il faut aimer ses ennemis.

Jean est pris de doutes sur l’identité de Jésus : « Es-tu vraiment celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ? ». Jésus répond aux envoyés : allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu : les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent et la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui qui ne se scandalisera pas à cause de moi. »

Jésus indique ici, qu’avec sa présence, Dieu avec nous -Emmanuel -ne se manifeste pas par des gestes de vengeance et de triomphe, mais que la justice de Dieu se manifeste par des actes de bonté envers les défavorisés et les souffrants, les aveugles, les boiteux, les lépreux, les sourds, les publicains et les pécheurs. Sachant que cette manifestation ne correspond pas à la figure dominante du Messie attendu, le Christ ajoute : « heureux ceux et celles qui ne se scandaliseront pas, qui ne trébucheront pas à cause de moi ».

Jésus dit de Jean-Baptiste qu’il est plus qu’un prophète car il marche dans l’Esprit de Dieu, participe à la révélation du Messie et communie comme précurseur par la patience à la mission de Jésus qui passera par la Pâque. Jésus invite Jean-Baptiste à traverser avec lui cette épreuve de la foi : « c’est ainsi qu’il convient d’accomplir toute justice » disait déjà Jésus lors de son baptême par Jean qui bousculait l’ordre raisonnable.

Le Dieu de Jésus-Christ se manifeste par des gestes de compassion et d’amour qui suscitent la confiance, nourrissent la patience et affermissent l’espérance. C’est la joie de Dieu de dépasser nos attentes humaines même si c’est pour nous, comme cela a été pour Jean-Baptiste et Jésus lui-même, une redoutable épreuve. Le fruit est la joie de l’Esprit-Saint qui se communique à nous si nous préparons notre cœur à vivre dans la confiance, la patience et l’espérance.

Le texte d’Isaïe, dans la première lecture, correspond au texte de l’évangile lorsqu’il dit : « Fortifiez-les., mains défaillantes, affermissez les genoux qui fléchissent, dites aux gens qui s’affolent : « Prenez courage, ne craignez pas. Voici votre Dieu … Il vient, lui-même pour vous sauver ». Alors s’ouvriront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la bouche du muet criera de joie. » (Isaïe 35, 3-4)

Jésus apporte la paix et affirme que le salut du monde avance chaque fois que le mal recule quelque part. Dieu est à l’œuvre lorsqu’un geste de bonté est posé envers les souffrants, les défavorisés, les pauvres, les rejetés de nos sociétés.

Notre témoignage de chrétien doit prendre sa source, non pas dans nos propres idées, mais dans les paroles de Jésus dans l’Évangile : notre Dieu est un Dieu de tendresse et de bonté qui ne fait peur à personne, un Dieu proche de nous, qui connaît nos joies, nos succès, nos problèmes, nos peines et nos souffrances et qui nous accompagne tout au long de notre vie, pour en faire un apprentissage de l’amour, un passage avec le Christ de la mort à la vie.

Le Messie et sauveur que Dieu a choisi d’envoyer ne correspondait pas à l’attente dominante au sein du peuple d’Israël, mais plutôt à celle des pauvres du pays. C’est pourquoi Jean Baptiste a eu des doutes : « Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre ?»

Et qu’attendons-nous nous-mêmes du Christ aujourd’hui ? Espérons-nous de Dieu qu’il intervienne pour établir notre justice ? Comme à Jean-Baptiste, le Christ nous demande de reconnaître l’amour du Père dans sa présence, et de reproduire sa douceur, sa patience et son humilité envers nos frères et sœurs ; de nous rapprocher de ceux et celles qui souffrent.

Nous sommes invités à ouvrir nos horizons et nos cœurs à la mesure sans mesure du cœur de Dieu manifesté en Jésus-Christ. Nous rayonnerons alors la joie de Dieu qui veut se communiquer à travers nous comme miséricorde dans notre monde d’aujourd’hui.

Le Christ est bien celui qui doit venir et nous n’avons pas à en attendre un autre. C’est la joie de Dieu qui vient à nous :« Maranatha, viens Seigneur Jésus ».

 

Frère Jean-Marie
Moine du Bec