Évangile : « C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie »
En ce temps-là, comme certains disciples parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient, Jésus leur déclara : « Ce que vous contemplez, des jours viendront où il n’en restera pas pierre sur pierre : tout sera détruit. » Ils lui demandèrent : « Maître, quand cela arrivera-t-il ? Et quel sera le signe que cela est sur le point d’arriver ? » Jésus répondit : « Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”, ou encore : “Le moment est tout proche.” Ne marchez pas derrière eux ! Quand vous entendrez parler de guerres et de désordres, ne soyez pas terrifiés : il faut que cela arrive d’abord, mais ce ne sera pas aussitôt la fin. »
Alors Jésus ajouta : « On se dressera nation contre nation, royaume contre royaume. Il y aura de grands tremblements de terre et, en divers lieux, des famines et des épidémies ; des phénomènes effrayants surviendront, et de grands signes venus du ciel.
Mais avant tout cela, on portera la main sur vous et l’on vous persécutera ; on vous livrera aux synagogues et aux prisons, on vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse à laquelle tous vos adversaires ne pourront ni résister ni s’opposer. Vous serez livrés même par vos parents, vos frères, votre famille et vos amis, et ils feront mettre à mort certains d’entre vous. Vous serez détestés de tous, à cause de mon nom. Mais pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »
Homélie :
« C’est par votre persévérance que vous gardez votre vie ».
Cette parole de réconfort de Jésus à ses disciples nous rejoint aujourd’hui. Saint Luc a connu le bouleversement, prédit par Jésus, de tous les appuis humains de la première communauté chrétienne : aussi bien dans la destruction du Temple de Jérusalem que par les obstacles au témoignage rendu par les disciples à la Résurrection de Jésus.
Son évangile nous rapporte la promesse de Jésus du soutien de l’Esprit-Saint qui conforte le témoignage des premiers chrétiens comme le nôtre, en ce temps où nous sommes nous aussi ébranlés.
Car nous avons du mal à être dépossédés de nos certitudes humaines et fragiles sans nous décourager ; surtout si nous avons de la peine à donner un sens, religieux ou même raisonnable, à ce dépouillement.
A la question de la fin du monde – ou de la fin d’un monde qui nous sécurise – le prophète Malachie, et surtout Jésus et Saint Paul à sa suite, nous demandent de ne pas nous effrayer, ni nous agiter, mais de travailler à persévérer dans la prière, la confiance et la miséricorde ; car notre prière trouvant difficilement ses mots, notre prière de pauvre, rejoint alors le cri de toute l’humanité.
Nous pouvons ainsi prier et compatir. Mais notre compassion doit nous pousser aussi à agir humblement. C’est le temps de nous réconcilier les uns avec les autres ; nous accueillir dans nos pauvretés avec miséricorde ; passer le CAP, dans notre relation au Seigneur et aux autres, de la Confiance, de l’Abandon de notre volonté égoïste, de la Patience enfin, qui sont l’expression de l’amour dans le temps.
Mais pour sortir de notre torpeur, nous sommes appelés à écouter une Parole toujours nouvelle qui nous dépasse : la parole de Dieu qui est « l’ancre de notre espérance » ! La Parole de Jésus nous bouscule et nous convertit à notre vrai bonheur : « Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu » nous dit Jésus. Ce qui veut dire que tout ce que nous avons à vivre de joies et de peines, devient un apprentissage de l’amour. Vivre nos fragilités sous son regard c’est entrer dans sa Pâque, s’offrir avec lui, passer de la mort au péché à la vie avec le Christ : et Dieu « garde notre vie pour l’éternité ».
Le signe que Dieu nous donne de sa proximité, c’est Jésus crucifié. En Jésus, le Soleil de la justice miséricordieuse du Père, entrevu par le prophète Malachie, s’est levé : Il « nous apporte la guérison dans son rayonnement ». Contemplons-le souvent : Jésus a les bras ouverts pour déverser sur nous la miséricorde de son Père et notre Père, pour nous rassembler et nous accueillir dans son Amour.
Laissons-nous convertir et guérir par Jésus en cette eucharistie. Il fait de nous les témoins de son amour dans l’espérance en la Résurrection qu’il nous confie. « Car l’Espérance ne déçoit pas, puisque l’amour de Dieu a été répandu dans nos cœurs par l’Esprit-Saint qui nous a été donné » (Rm 5,5).
Frère Jean Marie
Moine du Bec