28ème dimanche 2020 Année A (Mt 22, 1-14)

Publié le

Catégorie : Homélies

Evangile

En ce temps-là, Jésus se mit de nouveau à parler aux grands prêtres et aux pharisiens, et il leur dit en paraboles : « Le royaume des Cieux est comparable à un roi qui célébra les noces de son fils. Il envoya ses serviteurs appeler à la noce les invités, mais ceux-ci ne voulaient pas venir. Il envoya encore d’autres serviteurs dire aux invités : “Voilà : j’ai préparé mon banquet, mes bœufs et mes bêtes grasses sont égorgés ; tout est prêt : venez à la noce.” Mais ils n’en tinrent aucun compte et s’en allèrent, l’un à son champ, l’autre à son commerce ; les autres empoignèrent les serviteurs, les maltraitèrent et les tuèrent.

Le roi se mit en colère, il envoya ses troupes, fit périr les meurtriers et incendia leur ville. Alors il dit à ses serviteurs : “Le repas de noce est prêt, mais les invités n’en étaient pas dignes. Allez donc aux croisées des chemins : tous ceux que vous trouverez, invitez-les à la noce.” Les serviteurs allèrent sur les chemins, rassemblèrent tous ceux qu’ils trouvèrent, les mauvais comme les bons, et la salle de noce fut remplie de convives.

Le roi entra pour examiner les convives, et là il vit un homme qui ne portait pas le vêtement de noce. Il lui dit : “Mon ami, comment es-tu entré ici, sans avoir le vêtement de noce ?” L’autre garda le silence. Alors le roi dit aux serviteurs : “Jetez-le, pieds et poings liés, dans les ténèbres du dehors ; là, il y aura des pleurs et des grincements de dents.” Car beaucoup sont appelés, mais peu sont élus. »

La parabole de ce jour comme, les dimanches précédents ­ celles des deux fils et des vignerons malhonnêtes – s’inscrit dans un contexte d’opposition entre le Christ et les responsables religieux, sur leur refus d’accueillir, en sa personne, le règne de Dieu ouvert à tous, et qui conduira Jésus au rejet et à la mort.

A l’avènement du Messie, « Le Seigneur, Dieu de l’univers, préparera un festin pour tous les peuples » annonce le prophète Isaïe. L’accueil du messie s’accompagne de l’ouverture d’Israël à toutes les nations. Israël attend la conversion des païens au Dieu d’Israël et à sa Loi comme un signe à venir de l’avènement du Messie. Jésus l’annonce, pour aujourd’hui, comme l’entrée dans l’alliance nouvelle et éternelle offerte à tous et scellée en sa personne : lui le Fils Unique à qui Dieu son Père a confié l’humanité comme épouse pour engendrer une multitude de frères.

« Le royaume de Dieu est comparable à un roi qui célébrait les noces de son fils », dit Jésus : non seulement un festin offert, mais des noces auxquelles tous sont invités et s’associent comme des témoins privilégiés. Cette parabole évoque son propre cheminement dans la conscience de sa mission, Il presse les chefs de son peuple de le rejoindre dans l’accomplissement du désir de Dieu sur eux.

Les premiers invités se désistent, méprisant avec violence l’invitation ‘tout est prêt’, qui ne correspond pas à leur attente de l’accomplissement qu’ils se représentent comme le fruit d’une conquête, dans une fidélité sans faille à la Loi.

Nous-mêmes, comprenons-nous le privilège d’être invités à entrer dans la salle des noces du Fils de Dieu, chacun et tous ensemble, et de communier à la joie du Père ? Connaissons-nous l’empressement qui pousse « à ne rien préférer au Christ » qui « nous prépare une place » avec tous nos frères dans son règne d’amour ?

Méditons dans notre cœur la Parole de Dieu qui est l’ancre de notre espérance : Jésus ne cesse de nous inviter, qu’il nous semble être bons ou mauvais, à partager la joie d’être aimés gratuitement et sans condition, Il nous invite à entrer dans l’immense salle de noces remplies de convives qu ‘est le cœur du Père. Le Seigneur espère de nous la reconnaissance du don de Dieu, l’action de grâce, l’eucharistie. Il désire nous revêtir du vêtement de noces : « Vous tous qui avez été baptisés en Christ, vous avez revêtu le Christ et vous ne faites plus qu’un en lui », nous dit St Paul. Nous sommes configurés au Christ dans son mystère pascal. Sa mort et sa résurrection par amour nous font passer, à l’épreuve des jours, des ténèbres à la lumière, de la mort à la vie avec le Christ qui nous conduit vers son Père et notre Père.

« Tout est prêt ». L’eucharistie nous est donnée « comme prémices de ce que Dieu a préparé pour ceux qui l’aiment ».

Comme le dit St Anselme : « Ce n’est pas la joie de Dieu qui entre dans notre cœur étroit, mais c’est nous qui entrons par la Foi dans l’immense joie de Dieu », qui n’est autre que le Saint-Esprit.

« Heureux les invités au festin des noces de l’Agneau », proclame le célébrant à la communion. Croyons humblement que nous sommes invités et répondons au Seigneur dans la Foi : « Seigneur, je ne suis pas digne de te recevoir, mais dis seulement une Parole et je serai guéri ». L’Esprit-Saint nous donne d’être au diapason de la danse de l’Amour, qui est la joie des noces au cœur de la Sainte Trinité, à laquelle nous sommes invités par le Christ pour la vie éternelle.

 

Frère Jean-Marie
Moine du Bec