Homélie :
Le récit de dimanche dernier finissait par une phrase-résumé :
« Jésus parcourait les villages d’alentour en enseignant. »
Les disciples le suivent, mais voici que » Jésus appelle les douze et pour la première fois il les envoie deux par deux ». Comme le prophète Amos, les disciples n’avaient rien de super-héros. Leur qualité d’apôtres vient tout entière du choix et de l’appel gratuit de Jésus.
Il les appelle. Jésus les avait choisis, ’’pour être avec lui’’ (3,14), partager sa vie, être témoins des miracles qui devaient leur révéler progressivement son identité. Il les avait enseignés avec plus d’attention pour partager avec eux maintenant sa mission. Ils sont douze pour signifier l’accomplissement de l’alliance scellée avec les douze tribus d’Israël. Il les envoie deux par deux pour que leur témoignage soit valablement reçu sur la foi de deux ou trois témoins … et peut-être aussi pour vivre l’un par l’autre cette bonne nouvelle de la nécessaire conversion à l’amour de Dieu dans l’amour fraternel.
Jésus leur donne le pouvoir qu’il tient de son Père sur les esprits mauvais, à condition comme lui de ne s’appuyer sur aucun autre pouvoir de ce monde – ni réserves personnelles ni relations mondaines – et de tout attendre de la seule force de la Parole de Dieu qui les conduit et touche les corps et les cœurs de tous ceux qui se tournent avec confiance vers Dieu. Jésus avertit les douze qu’on pourrait refuser de les accueillir en son Nom, comme il a lui-même déjà fait l’expérience de l’échec par manque de foi de ses compatriotes. L’évangile de Marc ne donne pas le contenu de leur annonce mais l’appel à la conversion et l’action de Dieu à travers leur parole qui libère et guérit pour accueillir avec Jésus la Vie véritable.
L’évangile de Marc est un itinéraire avec les apôtres à la suite de Jésus Christ Fils de Dieu. Il suffirait de le lire d’une traite – c’est le plus court des quatre évangiles – pour relire notre vie à la lumière de notre vocation chrétienne à suivre le Christ : notre appel, notre intimité avec Jésus, le sens que prend toute notre vie dans la joie d’être avec lui et de marcher à sa suite en témoignant de lui. Mais aussi nos échecs et notre incompréhension qui rejoignent ceux des apôtres dans toute la suite de l’évangile de Marc, jusqu’à ce que dépouillé de toute gloriole nous entrions dans la compréhension du mystère du salut, dans la communion à la mort et la résurrection de Jésus.
Dès à présent c’est son appel qui est notre seule assurance, comme Jésus le dira aux douze triomphants au retour de cette première mission : réjouissez-vous plutôt que vos noms soient inscrits dans les Cieux » et comme Saint Paul le proclame solennellement au début de sa lettre aux Éphésiens, qu’il nous serait bon de méditer encore et encore pour conforter notre Espérance:
« Le Père de notre Seigneur Jésus Christ nous a choisis avant la création du monde et destinés à devenir ses fils par le pardon de nos fautes dans la Pâque de Jésus Christ ».
C’est ce mouvement de salut que nous célébrons dans cette eucharistie :
assurés de l’appel d’un Père qui nous aime, pardonnés dans la mort et la résurrection de Jésus, marqués de l’Esprit Saint qui nous incorpore à l’offrande du Christ et nous associe à la louange de la Gloire de Dieu dans l’amour de tous nos frères et sœurs, aimés avec nous de toute éternité.
Frère Jean Marie
Moine du Bec